Le champ libre, des fleurs bichonnées

Dans l’une des petites rues d’un des plus beaux villages de France (Saint-Suliac, à 10 minutes de Saint-Malo) se trouve l’atelier de Guy et Odile Vaultier, producteurs de fleurs. On peut venir y choisir des fleurs de saison, qui ont poussé dans leur champ, à quelques minutes de là.

C’est directement dans ce champ que j’ai choisi les fleurs de mon mariage, il y a quelques années. C’est tout ce que j’aime : des personnes passionnées, des couleurs qui jaillissent, une nature « naturelle », des noms qui font rêver (dahlias, cosmos, mufliers). Devant tant de bon sens, de beauté et de travail acharné, je savais qu’un jour, je reviendrais.

C’est grâce à cette rencontre avec Odile que j’ai pris conscience que :

1) 90 % des fleurs que nous achetons chez le fleuriste viennent de l’étranger : Pays-Bas, Kenya, Éthiopie, Colombie, Équateur… Elles sont souvent boostées aux pesticides, parfois cultivées sous serre chauffée toute l’année, transportées en avion puis en camion réfrigéré… avant d’atterrir dans un intérieur chauffé. Une aberration pour un “produit frais”.

“Je suis convaincue que l’avenir est dans le local. Faire rayonner notre production autour de nous, c’est suffisant ! Nous habitons un pays extraordinaire, très riche en diversité, nous avons tout pour avoir des fleurs qui tiennent longtemps, qui soient vives et colorées.”

Odile et Guy ne traitent pas, ne travaillent ni avec frigo ni serre chauffée : leur activité a un coût carbone quasi nul. Cueillies, vendues en 48h. « Nous faisons partie du collectif de la Fleur Française, un réseau passionnant et engagé en faveur de la commercialisation de fleurs locales et de saison. »

Photos 1 et 2 : Le Champ Libre. Photo 3 : Les tulipes perroquet, chez moi.

2) Derrière chaque bouquet, il y a un savoir-faire. Et du temps. « Tout repose sur la qualité du sol. Un sol vivant donne des fleurs robustes, colorées, puissantes », affirme Odile.

“Guy utilise beaucoup d’engrais verts. Il ne laisse jamais un sol à nu. Une fois la culture terminée, les sols sont labourés, puis ensemencés à la volée : moutarde, trèfle incarnat, phacélie, sarrasin…
Entre les lignes, on sème aussi du trèfle incarnat, qui attire les insectes, apporte fraîcheur et floraison. On utilise également du fumier de cheval. Ce travail d’enfouissement, une fois les cultures terminées, nourrit les sols.”

3) En hiver, il faut faire une pause, il n’y a pas de fleurs.

« L’arrivée du printemps est une fête. Lors de notre premier marché, les clients étaient ravis : “Vous nous avez manqués”, “on est content de vous revoir”, “vous êtes revenus !” J’avais préparé des bouquets de narcisses, des bottes d’anémones… De la fraîcheur, de la beauté, du parfum — après un long hiver, ça fait du bien. »

Avant de repartir, une dernière question à Odile.
— Quelles sont vos fleurs préférées ?
— J’adore les feuillages. Le vert tendre du framboisier, qui relie les fleurs entre elles. Et j’aime aussi les petites fleurs : les achillées, avec leurs mille petites fleurs sur une tige ; les dahlias, pour leur géométrie sacrée ; la fleur de carotte, pour son abondance, sa légèreté, sa grâce ; l’ammobium, ces toutes petites fleurs au toucher de papier ; la nigelle de Damas, à tous les stades.

Photos : Jean-Christophe Torres

Le Champ Libre
Atelier — 11 rue Besnier, Saint-Suliac
Ouvert le mercredi, jeudi, vendredi, samedi de 16h30 à 19h
Marchés : Saint-Servan & Paramé

Pour aller plus loin : le documentaire On se pique pour la fleur française

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