Lectures du moment
Dans ma dernière newsletter, je vous parlais du livre de Catherine Cusset sur David Hockney que j’aime offrir en ce moment. Voici 3 autres livres à lire ou offrir cet été.
Charlotte Perriand, allongée, avec l’artiste Marianne Clouzot dans les années 20
Pourquoi aime-t-on tant Charlotte Perriand ? Car c’était une femme engagée, visionnaire et… libre. Cette liberté, elle la musclait lors de ses marches en montagne, toujours avec l’idée qu’il fallait atteindre le sommet. La couverture du livre en témoigne : on la voit les bras levés, torse nu, triomphante après la difficile ascension d’un sommet en Italie vers 1929.
Elle marque les esprits aussi parce qu’elle n’est pas dans la tendance. "Ce que j’ai fait reste contemporain car rien n’a obéi aux gadgets d’une mode" disait-elle. Aujourd’hui, son gendre, Jacques Barsac, dit de son chalet à la montagne : “quand on rentre dans ce chalet, on a l’impression qu’il a été achevé il y a six mois. Il est d’une grande beauté, complètement contemporain, et en même temps très modeste, comme tout ce qu’a fait Charlotte.”
Enfin, elle croit en la puissance de la créativité, de l’action : “Mon secret, c’est de continuer” répond Charlotte Perriand à Laure Adler lorsque cette dernière lui demande dans cette interview vidéo son secret pour rester jeune. “L’homme est un créateur, c’est ça qui me fait espérer”.
Laure Adler. Charlotte Perriand. Paris : Éditions Gallimard, coll. « Folio biographies », 2021.
C’est l’un des livres de chevet de l’architecte d’intérieur Dorothée Meilichzon. Elle aime tous les livres de l’historien Michel Pastoureau sur les couleurs mais, précise-t-elle, “j’ai un faible pour celui traitant des rayures, c’est un grand sujet chez nous”.
Les rayures sont tout sauf neutres. Michel Pastoureau souligne qu’elle sont à la fois “signe de désordre et instrument de remise en ordre.” Au Moyen Âge, elles faisaient peur : réservées aux figures marginales — prostituées, bouffons, hérétiques, esclaves, bagnards… même le diable en portait. Puis, avec le temps, elles changent de camp. Au XIXᵉ siècle, elles sont synonymes de liberté, jeunesse, humour. Elles deviennent sportives et marines.
Dans son livre, Michel Pastoureau décortique tout ça à l’appui d’images, de peintures, de photos, de pubs. Toute une histoire.
Michel Pastoureau. Rayures. Une histoire culturelle. Paris : Seuil, 2021.
Le livre de cuisine, d’Alice Toklas
C’est le livre recommandé par l’écrivaine Anne Berest. “Je trouve “Le livre de cuisine” d’Alice Toklas réjouissant parce qu’il apprend beaucoup de choses sur l’art et l’histoire de l’art mais jamais de façon pesante. J’adore l’offrir car il est rare - il fait généralement son effet - et je sais que la personne qui va s’y plonger le fera comme on passe à table ; avec joie. C’est donc un cadeau joyeux.”
Pour Elvira Masson, « Le livre de cuisine d'Alice Toklas » n'est pas un livre de recettes, enfin pas seulement. C’est une œuvre très romanesque, qui associe récits, recettes, souvenirs, anecdotes, enquêtes.
Vous vous demandez qui est Alice Toklas ? Alice Toklas (1877–1967) était la secrétaire, cuisinière, muse et compagne de vie de l’écrivaine Gertrude Stein. Leur appartement parisien près du Jardin du Luxembourg était LE salon littéraire et artistique du Paris d’avant guerre. Dans son livre, chacune des recettes est celle d’un artiste qu’elle a rencontré : on y retrouve aussi bien les œufs du peintre Francis Picabia que les plats préférés de Picasso, Pierre Balmain ou de la princesse de Rohan.
Alice B Toklas. Le Livre de cuisine d’Alice B. Toklas. Traduit de l’anglais par Marie-France de Paloméra. Paris : Les Editions de minuit, 1981.